Campagne électorale provinciale 2022 : Les seuils d’immigration au Québec

Temps de lecture : 5 min 7s
28 septembre, 2022

L’immigration est un sujet d’actualité de premier plan depuis plusieurs mois au Québec, et à juste titre. L’immigration a des répercussions qui touchent tant à l’économie, à la langue française, qu’à l’identité nationale québécoise. D’ailleurs, l’immigration est l’un des enjeux centraux de la campagne électorale provinciale 2022 au Québec. Un enjeu politique qui fait beaucoup parler; mais parler de quoi exactement?

Chacun des principaux partis politiques a maintenant présenté sa vision des « seuils » d’immigration pour le Québec et voici leurs propositions:

  • Parti libéral du Québec : 70 000 immigrants par année
  • Coalition Avenir Québec : 50 000 immigrants par année
  • Québec Solidaire : 80 000 immigrants par année
  • Parti Québécois : 35 000 immigrants par année
  • Parti conservateur du Québec : Aucun seuil précis

De quoi parlent-ils?

Lorsque les partis politiques parlent de « seuils » d’immigration, ils font référence au nombre maximal de nouveaux résidents permanents (toutes catégories confondues) que le Québec souhaite accueillir par année.

Les chiffres visés par les seuils d’immigration n’incluent donc pas les nouveaux résidents temporaires venant séjourner au Québec, que ce soit un travailleur étranger temporaire ou un étudiant étranger.

Qu’est-ce qu’un résident permanent?

Les résidents permanents sont des citoyens d’autres pays que le Canada qui souhaitent s’établir au Canada sur une base permanente. Les résidents permanents peuvent étudier et travailler sans restriction, bénéficient d’un droit d’entrée au Canada et peuvent cheminer vers l’obtention de la citoyenneté canadienne.

Combien le Québec devrait-il accueillir de nouveaux résidents permanents?

La réponse est complexe. En effet, elle touche notamment à la démographie, à la sociologie et à l’économie. Sans offrir de réponse, voici des pistes de réflexion :

  • Selon tous les scénarios de Statistique Canada au sujet de la croissance de la population canadienne, d’ici 2043, l’immigration sera le « principal moteur de la croissance (de la population) au Québec »*.
  • L’âge moyen de la population du Québec en 2018 était de 42.5 ans et selon certains scénarios elle pourrait atteindre 47.3 ans en 2043**. La population du Québec est donc vieillissante.
  • À titre de référence, le reste du Canada vise à accueillir près de 450 000 résidents permanents en 2023***. Considérant que la proportion de la population du Québec par rapport au reste du Canada est d’environ 22.5%****, le Québec devrait recevoir 101 250 immigrants par année sur les 450 000 prévus au Canada.
  • Le Conseil du patronat du Québec (CPQ) recommande pour sa part que le Québec vise à accueillir au moins 80 000 et idéalement 100 000 nouveaux immigrants par année*****;

Est-ce que l’augmentation des seuils d’immigration contribue à résorber la pénurie de main-d’œuvre?

L’immigration permanente peut contribuer positivement au maintien d’un équilibre démographique. Ce qui est souhaitable c’est que l’équilibre démographique québécois permette aux entreprises et aux organisations qui composent l’économie québécoise de compter sur des bassins de main-d’œuvre permanents suffisants. À long terme, l’immigration permanente est donc susceptible de résorber la pénurie de main-d’œuvre au Québec et de favoriser le maintien ou l’amélioration du niveau de vie des Québécois.

Une autre solution à la pénurie de main d’œuvre qui semble aussi faire partie des suggestions politiques vise le maintien sur le marché du travail de travailleurs expérimentés, considérant le vieillissement démographique et l’accroissement de la proportion de population de 65 ans et plus******.

Les travailleurs étrangers temporaires : Une solution?

Les entreprises peuvent aussi compter sur les travailleurs étrangers temporaires pour répondre à des pénuries ponctuelles de travailleurs. Ces travailleurs disposent d’une autorisation de travailler pour une entreprise précise, dans un poste précis, à des conditions précises pour une durée de temps précise – à l’issue de leur séjour temporaire, ces travailleurs doivent soit renouveler leur autorisation de travail ou quitter le Canada.

Les travailleurs étrangers temporaires constituent une excellente solution à court ou à moyen terme pour résorber une partie de la pénurie de main-d’œuvre dans certains secteurs de l’économie. Or, cette avenue est – comme son appellation l’indique – temporaire. Les solutions permanentes doivent aussi être mises en place pour répondre aux défis que présente le vieillissement démographique.

Conclusion

Le Québec changera certainement dans les prochaines décennies que ce soit avec ou sans l’apport de l’immigration. Or, la pénurie de main-d’œuvre vécue au Québec n’est qu’un symptôme précurseur d’une problématique démographique plus grande, et l’immigration fait partie de la solution.

C’est maintenant aux Québécois de choisir dans quelle proportion, de quelle manière et à quelle vitesse ils veulent intégrer l’immigration au futur du Québec ! Personnellement, je crois qu’il y a urgence d’agir.

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Note sur l’auteur :

Nicolas Simard Lafontaine est un Avocat associé dans le cabinet d’avocat spécialisé en immigration Galileo Partners et Directeur services d’affaires intégrés.

Il est également membre du comité directeur de l’association canadienne des Avocats en Immigration (ACAI) et membre du comité exécutif de la section immigration et citoyenneté de la division Québec de l’Association du Barreau canadien.

*Statistique Canada, Projections démographiques pour le Canada (2018 à 2068), les provinces et les territoires (2018 à 2043) – aux pages 34 à 36.
**ibid.
*** Gouvernement du Canada, Immigration Réfugiés et Citoyenneté Canada « Supplementary Information for the 2022-2024 Immigration Levels Plan », Février 2022, disponible sur internet au : https://www.canada.ca/en/immigration-refugees-citizenship/news/notices/supplementary-immigration-levels-2022-2024.html
****Statistique Canada :https://www150.statcan.gc.ca/t1/tbl1/en/tv.action?pid=1710000901
*****Conseil du Patronat du Québec, Livre blanc sur l’immigration au Québec, portrait et solutions, mai 2022.
******Azeredo, A et Payeur, F., Institut de la statistique du Québec, Données sociodémographique en bref, Conditions de vie. Volume 19, numéro 3, juin 2015.

Nicolas SIMARD-LAFONTAINE

À propos de Nicolas Simard-Lafontaine

Nicolas Simard-Lafontaine est l’un des associés fondateurs de Galileo. Depuis son admission au Barreau du Québec, il pratique exclusivement en immigration d’affaires auprès d’entreprises et d’entrepreneurs.

Nicolas s’implique directement auprès de plusieurs clients d’affaires de Galileo dans le cadre de dossiers sensibles ou complexes. Il agit notamment auprès de clients dans les domaines du génie civil, de la construction, de la fabrication et des technologies. Nicolas utilise une approche stratégique à long terme dans les dossiers qu’il pilote. Il permet ainsi aux clients de Galileo de naviguer avec aise dans leurs projets d’affaires comportant des composantes liées à l’immigration, comme la construction d’une nouvelle usine, l’acquisition par un groupe étranger d’une entreprise canadienne, l’implantation d’activités au Canada, la construction d’infrastructures essentielles ou encore la mise en place des processus internes nécessaires à la gestion d’un volume grandissant de questions liées à l’immigration.

Nicolas est également membre de l’équipe de direction où il pilote plusieurs projets commerciaux et d’amélioration continue.

Nicolas s’implique aussi dans la communauté juridique en siégeant au comité directeur de l’Association canadienne des Avocats en Immigration (ACAI) et sur le comité exécutif de la division du Québec de la section immigration et citoyenneté de l’Association du Barreau canadien. Dans le cadre de ces comités, il commente fréquemment les politiques gouvernementales en contribuant à la rédaction de lettres aux ministères concernés, en publiant des articles, en commentant les politiques et en participant à diverses rencontres avec les ministères et les agences gouvernementales impliqués dans le système d’immigration.

Nicolas est titulaire d’un Baccalauréat en administration des affaires (B.A.A.) de HEC Montréal et d’un Baccalauréat en droit civil (L.L.B) de l’Université de Sherbrooke. Il figure sur les palmarès Who’s Who Legal (WWL), Chambers & Partners et LExpert dans la catégorie des avocats les plus recommandés au Canada en immigration d’affaires.

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