Le 16 février 2022, le Ministre de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration, Monsieur Jean Boulet, a annoncé un nouveau projet qui permettra le recrutement de 1000 infirmiers et infirmières originaires de pays francophones ciblés. *
Cette initiative a été développée après avoir constaté la complexité du recrutement d’infirmiers et d’infirmières, dans un contexte de pénurie de main d’œuvre marquée pour cette profession au Québec.
Ainsi, face à cette importante pénurie de personnel soignant dans le réseau de la santé du Québec, ce projet, conçu en collaboration avec l’Ordre des infirmières et infirmiers du Québec (OIIQ), permettra aux candidats sélectionnés de s’établir au Québec pour y exercer cette profession.
Dans l’optique de faciliter la reconnaissance des diplômes et des compétences de ces candidats, le ministre a annoncé qu’un investissement de près de 65 millions $ sera octroyé à ce projet.
La première phase, qui se déroulera sur deux (2) ans, sera axée sur le recrutement d’infirmiers et d’infirmières provenant exclusivement de l’Algérie, du Cameroun, du Maroc, de la Tunisie et des îles Maurice.
Dans le cadre de la deuxième phase, le recrutement sera axé vers les infirmiers et les infirmières provenant de la Côte-d’Ivoire, du Liban, de la République démocratique du Congo et du Sénégal.
Ainsi, dès l’automne 2022, les premières vagues d’infirmiers et d’infirmières pourront arriver au Québec pour débuter leur période de formation d’appoint établie par l’OIIQ, le tout afin d’obtenir leur permis d’exercice.
Cette formation, d’une durée de 9 à 12 mois, sera décernée par certains Collèges d’enseignement général et professionnel (CÉGEP) en région et permettra de reconnaitre les compétences et l’expérience clinique des candidats selon les barèmes et critères établis par l’OIIQ.
Dans le cadre de la première phase du projet, les candidats et candidates effectueront leur formation dans l’une des régions suivantes : l’Abitibi-Témiscamingue, la Côte-Nord, le Bas-Saint-Laurent, la Gaspésie, le Saguenay-Lac-Saint-Jean, la Baie James (Chibougamau), ainsi que l’Outaouais.
Il est important de noter que les candidats ne seront toutefois pas contraints d’exercer la profession dans ces régions suite à la complétion de leur formation. L’exercice de leur profession dans ces régions sera cependant fortement encouragé.
Lors de cette période de formation, les candidats pourront travailler comme préposés aux bénéficiaires pour un maximum de 20 heures par semaine. Ils pourront également travailler comme préposés aux bénéficiaires à temps plein lors des congés scolaires.
Il est également important de noter qu’en cas d’échec à cette formation, les candidats pourront continuer d’occuper des postes de préposés aux bénéficiaires.
Le gouvernement du Québec s’engage à soutenir pleinement les candidats dans le cadre de cette période de formation en prenant notamment les initiatives suivantes :
- Paiement complet par le Ministère de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration (MIFI) des frais de scolarité, des frais de demande d’équivalence à l’OIIQ, du coût de la formation d’appoint et des frais pour la demande de l’Évaluation comparative des études effectuées hors Québec;
- Paiement d’une allocation de subsistance, de frais de garde et de transports de 500 $ par semaine et d’une durée maximale d’un an; et,
- Accompagnement personnalisé des candidats tout au long du processus, de leur pays d’origine jusqu’à leur arrivée au Québec;
De plus, les candidats pourront s’installer au Québec en compagnie des membres de leur famille immédiate (c.a.d., enfant(s) et conjoint(e)). Leur conjoint(e) pourra notamment se voir décerner un permis de travail ouvert, leur permettant d’accéder au marché du travail.
L’ACAI tient à féliciter le MIFI pour ce projet qui représente une avancée vers la résorption de la pénurie de personnel soignant dans le réseau de la santé au Québec.
Malgré l’apport bénéfique de ce projet pour l’établissement temporaire au Québec de ces infirmiers et infirmières, il demeure toutefois qu’il existe certaines questions quant au processus qui leur permettra d’obtenir leur résidence permanente au Canada.
L’octroi de la résidence permanente étant une compétence exclusive du gouvernement fédéral, il sera crucial qu’une collaboration entre les deux paliers de gouvernement s’instaure afin de faciliter l’établissement permanent au Québec de ces nouveaux arrivants. L’ACAI suggère qu’un dialogue entre les deux paliers de gouvernement puissent rapidement permettre de trouver une solution permettant à ces candidats d’obtenir facilement un Certificat de sélection du Québec (CSQ), soit la première étape afin de leur permettre de demeurer de manière permanente au pays.
L’ACAI croit également que l’augmentation du nombre de pays francophones ciblés serait grandement bénéfique dans le cadre de cette nouvelle initiative.
Finalement, face à la pénurie de main d’œuvre qui frappe plusieurs industries au Québec, ce projet facilitant la reconnaissance des diplômes et des compétences devrait également, à notre humble avis, s’étendre à d’autres professions qui sont actuellement affectées par cette pénurie.
* Initialement publié sur le site de l’Association Canadienne des Avocats en Immigration (CILA).